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L’optimisation de l’efficacité reproductive, un aspect essentiel de la gestion des troupeaux

AGRICULTURE ANIMALEDATE D’AFFICHAGE 25 MAI 2023
Cows and calves in a grassy field in front of a low sun.

L’efficacité reproductive est un aspect primordial de la bonne gestion des troupeaux, car autrement, l’équilibre est dicté par les investissements dans les troupeaux et le coût des intrants, ce qui exerce une pression considérable sur les exploitations vache/veau.

Lorsqu’un programme d’élevage connaît des difficultés, certaines vaches deviennent non gestantes, et les vaches gestantes risquent de ne pas mener la gestation à terme. Parfois, les géniteurs ne sont pas assez nombreux, et leurs capacités sont insuffisantes, les programmes d'élevage peuvent devenir incohérents et les protocoles de vaccination peuvent être remis en question. Par conséquent, les veaux peuvent naître en nombre limité, à des moments aléatoires ou pas du tout, et les veaux peuvent être frêles, peu vigoureux ou malades avec un faible poids en sevrage.

Pour éviter ces problèmes, il ne faut pas sous-estimer l’importance d’une planification réfléchie et d’une préparation minutieuse des périodes de reproduction et de vêlage. 

De plus, il faut savoir diviser son attention entre plusieurs facteurs d’importance. La reproduction ne se produit pas en vase clos. C’est pourquoi nous devons tenir compte de facteurs comme les taureaux, la progéniture, le climat, l’emplacement, l’alimentation, la génétique, les agents pathogènes, etc.

Partir du bon pied avec l’alimentation 

Au départ, l’alimentation est un pilier incontournable dans tous les aspects de la vie d’un animal d’élevage. Les aliments doivent être de qualité et en quantité suffisante pour fournir au bétail les nutriments nécessaires à sa santé et à sa vitalité ainsi qu’à la fécondité des deux sexes.

Par exemple, les taureaux d’un an achetés l’année précédente pourraient ne pas être en bonne condition corporelle en raison de leur condition d’hivernement, de leur alimentation ou de leur regroupement avec des taureaux matures qui n’ont pas les mêmes besoins pour gagner du poids et le maintenir. Le regroupement d’animaux d’âges différents risque également d’avoir des effets délétères liés au statut social, car les jeunes animaux se font reléguer au bas de l’ordre social. Comme les taureaux d’un an n’ont pas fini leur croissance, n’importe lequel de ces facteurs défavorables peut nuire à leur efficacité reproductive. 

Planifier un programme de santé reproductive

Les enjeux sanitaires comme la diarrhée virale bovine (BVD), la leptospirose, la vibriose et la rhinotrachéite bovine infectieuse (RIB) constituent d’autres facteurs à intégrer dans la planification d’un programme de vaccination inclusif et structuré axé sur l’amélioration des taux de conception et de vêlage.

« Il est possible de vacciner contre toutes ces maladies pour éviter les pertes précoces du fœtus et les problèmes de fécondité, souligne Shaun Sweiger, DMV - M. Sc., pour TELUS Agriculture. La vaccination est extrêmement utile, voire d’une importance vitale dans le cas des troupeaux avec apport de sujets extérieurs, comme des génisses de remplacement ou des taureaux qui pourraient être des porteurs asymptomatiques de ces agents pathogènes. »

Adapter le rapport de force des taureaux à la situation

Du côté des géniteurs, les ratios taureaux-femelles sont un aspect fondamental. En guise de planification et de préparation, il ne suffit pas de diviser le total d’animaux dans le troupeau par un nombre donné, comme 25, pour décider d’une batterie de taureaux. Déterminer le ratio n’est jamais simple, car il est déterminé par divers facteurs, y compris le terrain, le climat, le milieu et l’âge. 

« Dans un pâturage compact avec beaucoup d’herbe et un ruisseau sinueux, on pourrait utiliser un taureau pour 40 vaches, signale M. Sweiger. Par contre, ce serait trop de femelles si le taureau doit les suivre sur un vaste terrain sec et accidenté à l’herbe clairsemée. »

De plus, le succès reproductif varie selon l’âge. Ce serait trop demander à un taureau d’un an de saillir un groupe de 30 femelles, ou bien à deux taureaux d’un an et à deux taureaux matures de saillir 100 vaches. 

« Dans cette situation, 95 % des vaches seront gestantes au cours d’une période de saillie de deux chaleurs. En vérifiant l’ascendance de la progéniture, on verra toutefois que la majorité des vaches ont été saillies par les sujets matures en raison de l’ordre social et de l’intimidation à l’intérieur du troupeau », indique M. Sweiger.

Programmes d'insémination artificielle (IA) et de synchronisation

Les avantages de l'utilisation de l'IA sont considérables. Plus de veaux naissent au début de la saison de vêlage. Le résultat est une récolte de veaux plus uniformes et plus lourds au sevrage. Les vaches bénéficieront d'une période de repos plus longue avant d'être saillies de nouveau. Davantage de taureaux et de races différents peuvent également être utilisés pour atteindre vos objectifs d'élevage.

Les facteurs critiques de succès sont la planification de votre programme d'IA à l'avance, l'exécution minutieuse de toutes les étapes du programme, la tenue de bons dossiers et le suivi des résultats. Assurez-vous de parler à votre vétérinaire pour vous aider et disposer des meilleurs outils de gestion pour faire ce travail.

Soutenir les éleveurs à l’aide de conseils

Les éleveurs doivent jongler avec de multiples facteurs dans leurs efforts pour améliorer l’efficacité reproductive et se sentent souvent dépassés par l’ampleur de la tâche. Pour faciliter la prise de décision, les programmes de gestion du bétail personnalisés, comme le logiciel de gestion de dossier animal de TELUS, fournissent un suivi personnalisé, des analyses de classement et des informations sur la production. En fournissant des renseignements, les logiciels comme celui de TELUS Agriculture facilitent la planification et la préparation de périodes de reproduction, de gestation et de vêlage fructueuses qui contribuent à améliorer la santé et la productivité des troupeaux.  

« Avoir ces données en main est extrêmement utile pour mener à bien une stratégie efficace, ajoute M. Sweiger. Si vous disposez de données solides et d’enregistrements individuels qui précisent les taureaux utilisés, leur date d’introduction, les dates d’insémination artificielle, ainsi que les listes de vêlage préparées à partir de ces données, la probabilité de succès de la reproduction augmente de façon spectaculaire. »

Mesurer pour veiller au succès reproductif

Même avec une planification minutieuse, il est difficile de déterminer les données précises qui influeront sur la rentabilité, car le coût des intrants et les tendances du marché évoluent constamment et se répercutent sur les marges de profit. Compte tenu des investissements en main-d’œuvre, en argent et en temps associés à leur collecte et à leur analyse, quelles sont les données suffisamment utiles pour justifier ces coûts?

M. Sweiger estime que les taux de gestation et de vêlage sont des éléments fondamentaux pour mesurer l’efficacité. 

Plus qu’une simple confirmation de la gestation, les taux de vêlage fournissent un portrait d’ensemble de la situation.

« La différence, c’est qu’on sait combien de vaches ont mené la gestation à terme, précise-t-il. Certaines vaches confirmées comme étant gestantes à l’automne ne produisent pas de veau au printemps. On peut l’attribuer à des problèmes reproducteurs liés à l’alimentation, à la présence de toxines ou de moisissures dans les aliments ou à la perte précoce du fœtus en raison d’agents pathogènes contre lesquels la vache n’a pas été vaccinée. »

Les intervalles de vêlage jouent aussi un rôle important puisque, idéalement, la majorité des vaches donneront naissance pendantles 21 premiers jours de la période de vêlage. Il est extrêmement utile d’enregistrer ces données pour consultation ultérieure.

« Si très peu de vaches vêlent dans les 21 premiers jours et que les naissances se font plus nombreuses pendant les deuxièmes et troisièmes chaleurs, cela indique une inefficacité reproductive, signale M. Sweiger. Dans ces cas, on examine l’alimentation, le ratio des taureaux, les agents pathogènes, les maladies vénériennes, etc. »

L’enregistrement de données comme la vigueur du veau et ses problèmes de santé ultérieurs jusqu’au sevrage revêt aussi de l’importance puisque ces renseignements éclairent d’autres grands pans du tableau. Par exemple, si le taux de conception est relativement élevé, mais que les veaux sont faibles et manquent de vigueur à la naissance, la situation peut vite se détériorer en raison d’une faible immunité et d’autres problèmes de santé plus graves comme la diarrhée et la pneumonie. 

M. Sweiger explique que ces problèmes peuvent découler de facteurs comme une ration alimentaire inadéquate due à un mauvais fourrage ou des carences en vitamines et en minéraux qui entraînent un mauvais état de chair chez les vaches gestantes. Ces facteurs affectent la qualité du colostrum, ce qui nuit à l’immunité.

« Plus tard dans la saison, nous utiliserons le nombre de kg de veaux sevrés par vache gestante comme mesure du succès reproductif, dit-il. Mais la mesure idéale serait plutôt le nombre de kg de veaux sevrés par vache exposée. Un nombre élevé serait un signal fort que nous avons fait les bons choix. »

Il ne s’agit pas que de la conception et de la gestation. De nombreux facteurs peuvent avoir une incidence sur le succès reproductif. Peu de vêlages lors du premier cycle, produisent des veaux plus petits au moment du sevrage. Les carences alimentaires et l’exposition à des agents pathogènes produisent des veaux malades ou chétifs qui ne se développent pas normalement.

Tous ces facteurs contribuent à la valeur d'un programme de collecte de données pour le suivi des détails. Par la suite, nous pourrons comparer la moyenne du succès au fil du temps. En cas de diminution du nombre de kg sevrés par vache exposée, nous devrons surveiller les améliorations, comme les modifications apportées à l’alimentation, à la vaccination, à la gestion ou aux ratios de taureaux, pour détecter les signes d’un succès reproductif mesurable. 

« En fin de compte, cela ne sert à rien de tenir compte de tous les aspects de la reproduction tels que l’alimentation, les taureaux, la vaccination, etc., si on ne produit pas de veaux vivants, conclut M. Sweiger. Chez les bovins, la reproduction est la priorité absolue et la clé de la réussite. »

Contribué par Bruce Derksen, écrivain indépendant