Table ronde à la Maison de la littérature dans le cadre du 11e Salon du livre des Premières Nations.

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Élever les voix autochtones avec la littérature

31 mai 2023

Photo : Nicolas Ottawa/Kwahiatonhk!

Présenté par TELUS, le Salon du livre des Premières Nations (SLPN) met en lumière le meilleur de la littérature autochtone. C’est une invitation à la découverte de la richesse de la culture des Premières Nations.

La littérature autochtone, entre autres formes d’art, bénéficie d’une attention renouvelée ces jours-ci, dans la foulée d’événements locaux dirigés par des Autochtones qui ont provoqué une vague de soutien pour la démarche de vérité et réconciliation, d’un océan à l’autre. Le terme autochtone englobe tous les peuples autochtones, y compris les Inuits et les Métis.

« J’observe un engouement croissant pour la culture autochtone. Les allochtones du Québec et d’ailleurs au Canada s’intéressent à ce que nous avons à dire », souligne Louis-Karl Picard-Sioui, membre de la Nation huronne-wendat, aussi auteur, historien, anthropologue et directeur de Kwahiatonhk! (nous écrivons! en wendat), un organisme sans but lucratif qui fait la promotion des écrivains et des œuvres littéraires autochtones. 

Mais cela n’a pas toujours été ainsi.

Il y a quinze ans, l’infrastructure littéraire était réticente à offrir aux auteurs autochtones la visibilité qu’ils méritaient et qui était nécessaire à une véritable émergence. C’est précisément pour donner la parole aux Autochtones que le Salon du livre des Premières Nations (SLPN) a été créé en 2011. 

« Le besoin était criant. Nous avons dû créer notre propre infrastructure parce qu’à l’époque, les auteurs autochtones n’avaient pas l’impression que les événements littéraires reflétaient leur identité et leurs intérêts », explique M. Picard-Sioui, qui participe à l’organisation du SLPN depuis sa troisième édition et qui est lui-même auteur de plusieurs ouvrages primés, dont son dernier roman intitulé Éveil à Kitchike : la saignée des possibles.

Aujourd’hui, le SLPN demeure la plus importante vitrine pour la littérature autochtone au Canada.

Plus de 3 000 lecteurs ont participé à l’édition 2022 du SLPN en novembre dernier, qui avait lieu à la ville de Québec et sur le Web. Ils ont eu l’occasion de rencontrer des auteurs autochtones du Québec et de l’Ontario lors de tables rondes et de séances de dédicace. Une série de spectacles étaient offerts, dont Kwatendotonnionhk (nos histoires). Ce dernier permettait de découvrir les légendes autochtones grâce à des contes, à de la poésie, à des chants et à des pièces musicales instrumentales. 

« La littérature des Premières Nations se diversifie et se transforme. Elle est lue et célébrée, et elle touche les lecteurs. Aujourd’hui, elle englobe un éventail de sujets et prend diverses formes. Poésie, fiction, légendes, multimédia... on assiste à une véritable explosion des styles », déclare M. Picard-Sioui.

Récits de vérité

Jocelyn Sioui et Dave Jenniss en prestation lors d’un spectacle sur l’œuvre de J. D. Kurtness, Bienvenue, Alyson.

Photo : Nicolas Ottawa/Kwahiatonhk!

L’auteur, comédien et homme de théâtre Jocelyn Sioui, membre de la Nation huronne-wendat, l’un des premiers marionnettistes autochtones du Québec, a participé au SLPN. Par son implication, il cherche à faire entendre les voix des nations autochtones dans toute leur diversité.

« En début de carrière, je ne considérais pas faire de l’art autochtone. Les projets que l'on me proposait étaient trop souvent associés à un certain folklore. Aujourd’hui, les styles s’éclatent et c’est en outre cette diversité des voix et des styles qui m’animent et que le SLPN souhaite mettre de l’avant », explique-t-il. 

M. Sioui utilise maintenant son art pour explorer sa propre identité et ses racines autochtones. Il est convaincu que pour combler le fossé entre les Premières Nations et le reste du Canada, il faut « recoudre nos histoires ». 

Sa pièce Mononk Jules, actuellement en tournée au Canada, reconstitue l’histoire de son grand-oncle, Jules Sioui, un Wendat qui a bousculé l’Histoire canadienne avant de sombrer dans un énorme trou de mémoire familial et historique.

« Les Québécois sont devenus plus sensibles à la réalité autochtone parce que certaines histoires les ont bouleversés, comme celles liées aux pensionnats pour Autochtones et aux impacts de la Loi sur les Indiens. Lorsque j’étais à l’école, ces questions n’étaient presque pas abordées dans les cours d’histoire. Mais il est important de nommer ces événements. Plus la population sera exposée à la vérité, plus son opinion orientera les décisions politiques. C’est ce qui fera avancer la réconciliation », ajoute-t-il. 

L’art réparateur

L’histoire a longtemps été écrite et racontée par les allochtones, un héritage du passé colonialiste. Pendant des années, la croyance occidentale selon laquelle les écrits sont plus fiables que la parole, jumelée à des politiques comme la Loi sur les Indiens, a menacé la culture et les méthodes traditionnelles de transmission du savoir et l’histoire orale.

Dave Jenniss, d’origine Wolastoqey, comédien, metteur en scène et dramaturge, dit avoir été dérangé par l’absence de voix autochtones dans l’espace public à un moment de sa vie. Directeur artistique des Productions Ondinnok, il mise sur le théâtre pour raviver la mémoire afin de laisser une trace pour les futures générations d’artistes autochtones. Il se démarque grâce à des textes d’une touchante vérité, nourris par ses racines autochtones. 

« Les allochtones sont de plus en plus nombreux à venir au Salon. Pour moi, c’est une forme de réconciliation, car il faut prendre le temps de parler avec les Autochtones et de les comprendre avant de penser à une réconciliation. »

« L’art, c’est réparateur. Il permet de briser un cycle d’ignorance et de corriger l’histoire en unissant nos voix. » 

Écrire les futurs possibles

Les entreprises ont un rôle important à jouer en soutenant les activités artistiques des peuples autochtones et en encourageant la réconciliation.

Certaines ont pris des engagements fermes. C’est le cas de TELUS, commanditaire principal du SLPN. L’entreprise a récemment publié son quatrième rapport sur la réconciliation et la connectivité des collectivités autochtones, qui met de l’avant les voix autochtones. TELUS fut également la première entreprise de technologie au Canada à lancer un plan d’action pour la réconciliation. Les engagements qui y sont présentés visent à sensibiliser la population à l’importance de la réconciliation et s’appuient sur des modèles autochtones de réconciliation, notamment les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et les 231 appels à la justice.

Louis-Karl Picard-Sioui en lecture lors du spectacle Kwatendotonnionhk.

Photo : Nicolas Ottawa/Kwahiatonhk!

« C’est encourageant qu’une entreprise comme TELUS adopte une telle politique et nous espérons que d’autres lui emboîtent le pas », souligne Louis-Karl Picard-Sioui. 

« La réconciliation débute par la reconnaissance des faits, et nous avons encore beaucoup de travail à faire au Québec à cet égard, en commençant par le contenu des cours d’histoire. Les voix autochtones doivent être entendues. C’est ce qui nous permettra d’écrire les futurs possibles. » 

Il est possible de revivre les moments forts du Salon du livre des Premières Nations, notamment par l’écoute de quatre balados, en se rendant sur le site Internet de l’événement à kwahiatonhk.com/. Les entretiens avec les auteurs se trouvent sur la page Facebook du Salon.

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TELUS – Salon du livre des Premières Nations