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Réconciliation : Les femmes autochtones gagnent en indépendance

29 mai 2023

Depuis toujours, les femmes autochtones sont au cœur de nos collectivités. Elles enseignent, dirigent des cérémonies, interprètent, guérissent et prennent soin de nos enfants.

Elles sont également victimes d’enlèvements, de meurtres et d’attaques. Elles sont ignorées, et oubliées.

Comme il a été établi dans Réclamer notre pouvoir et notre place : le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, les femmes autochtones ont 12 fois plus de risques d’être assassinées ou de disparaître que les autres femmes au Canada.

Au-delà de ces données, il s’agit d’êtres humains. La violence dont témoignent ces statistiques a eu des conséquences désastreuses pour les collectivités autochtones et a aussi pour effet de perpétuer les cycles traumatiques et les inégalités systémiques.

Puisque le colonialisme fait toujours partie intégrante du système judiciaire, les peuples autochtones de la Colombie-Britannique en subissent les effets négatifs. Dans le cadre de son travail de directrice générale intérimaire des services judiciaires à la Native Courtworker and Counselling Association of British Columbia (NCCABC), Kim Rumley connaît bien ce système et ses effets.

Ce cercle vicieux doit cesser. Le rapport Appels à la justice, qui formule 231 recommandations, démontre que les administrations, les entreprises et les organisations ont un rôle important à jouer pour remédier aux situations d’inégalité historiques et actuelles. Elles doivent apporter leur soutien aux femmes autochtones afin qu’elles puissent atteindre leur plein potentiel.

Les gens auront la force de changer leur vie s’ils ont accès aux ressources, aux outils et aux services dont ils ont besoin pour réussir. Madame Rumley a consacré sa vie au soutien des peuples autochtones et à la promotion de la justice et de la décolonisation. Elle a constaté que les programmes et le soutien adapté à la culture autochtone peuvent aider les personnes marginalisées à se sortir de situations de crise.

Par exemple, en 2021, TELUS a lancé le programme Mobilité pour l’avenir pour les femmes autochtones à risque en collaborant avec des organisations autochtones, notamment avec la NCCABC, pour offrir des téléphones intelligents et des forfaits gratuits aux femmes autochtones violentées ou vulnérables.

Ce programme offre aux femmes un lien vital avec les services d’urgence, un accès fiable à des ressources virtuelles de santé et de mieux-être, et un moyen de rester en contact avec leurs amis, leur famille et leur réseau de soutien.

Les effets des systèmes coloniaux et des préjudices infligés aux peuples autochtones se font toujours ressentir par ceux-ci aujourd’hui. Les pensionnats autochtones et la rafle des années 60 (période des années 1960 pendant laquelle des enfants autochtones étaient enlevés de leurs familles biologiques sans consentement) en sont des exemples. Ces événements sont directement liés au fossé socioéconomique qui existe entre Autochtones et non-Autochtones à l’échelle du Canada. Par conséquent, encore trop de femmes autochtones à risque se retrouvent dans des situations dangereuses. Elles sont également plus à risques d’être victimes de contrevenants, du commerce sexuel et du trafic d’êtres humains.

Plusieurs des femmes qui ont reçu l’aide de la NCCABC fuyaient la violence et arrivaient donc avec un sac à dos; sans pièce d’identité ni argent. Elles vivaient en situation d’itinérance en attendant une place dans un foyer de transition. Dans certains cas, des femmes autochtones vivaient dans des communautés isolées et devaient voyager en autostop.

C’était donc essentiel d’assurer leur sécurité en leur permettant de rester en contact avec une personne de confiance.

À ce jour, le programme Mobilité pour l’avenir pour les femmes autochtones à risque a aidé plus de 1 200 femmes autochtones marginalisées et leurs familles. TELUS a accepté les commentaires honnêtes de la NCCABC et ses recommandations ont été utiles pour apporter des changements au programme.

Ce programme répond aussi à plusieurs des recommandations du rapport Appels à la justice et souligne l’importance de travailler en partenariat avec les peuples autochtones pour contrer la pauvreté et améliorer leur sécurité et leur connectivité.

Dans le cadre du plan d’action pour la réconciliation avec les peuples autochtones, les Canadiens doivent rendre hommage aux femmes, aux filles et aux personnes 2ELGBTQI+ autochtones disparues et assassinées. Ils doivent aussi reconnaître la douleur et les traumatismes qu’ont subis les familles et les collectivités.

Il reste beaucoup à faire pour décoloniser les systèmes de notre société. Il faut aussi soutenir les peuples autochtones dans leur cheminement vers la guérison et l’autodétermination afin qu’ils puissent renouer avec leur culture et leurs collectivités.

Les femmes autochtones peuvent inspirer la force nécessaire pour remédier et mettre fin à la violence et aux inégalités. En effet, ces matriarches surmontent leurs difficultés en dépit des systèmes coloniaux. Les femmes autochtones font part de leurs vérités. Elles souhaitent ainsi se réapproprier leur identité et leur culture en se rassemblant pour changer les choses au sein de leurs collectivités.

À court et à long terme, nous devons les soutenir dans leur parcours d’envergure. Le rapport Appels à la justice, qui formule 231 recommandations, explique très bien que les personnes, les institutions et les administrations ont un rôle à comprendre et à jouer, et qu’elles doivent surtout y donner suite.

NCCAB

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Kim Rumley
Kim Rumley est directrice générale intérimaire des services judiciaires de la NCCABC