Sécurité et vie privée / 18 décembre 2024

Démystifions la honte liée au fait d’avoir été victime de fraude : ce n’est jamais votre faute

June Kinloch

June Kinloch

Chargée de projet II, TELUS Averti

Adulte qui regarde son téléphone intelligent avec mécontentement.

En raison de l’évolution des technologies numériques et de l’intelligence artificielle, les escroqueries et la fraude sont en hausse. Selon le Centre antifraude du Canada, en date du 31 octobre 2024, 40 623 rapports de fraude ont été traités et 28 634 personnes ont été victimes de fraude, subissant des pertes financières totalisant 503 millions de dollars.

Un sondage mené en mars 2024 par le fournisseur de solutions de paiement Interac a révélé que plus de 91 % des Canadiens ont fait l’objet d’une tentative de fraude numérique au cours des six mois précédents. Les sondés ont indiqué dans une proportion de 7 sur 10 (69 %) qu’ils savaient repérer les tentatives de fraude, mais seulement 36 % ont affirmé qu’elles étaient facilement reconnaissables. Derrière ces chiffres se cache une sombre réalité : des personnes sont victimes de fraude. En plus d’avoir subi des pertes financières et d’avoir vu leur identité usurpée, ces personnes ont été éprouvées sur le plan émotionnel. En effet, elles se sentent souvent très honteuses et coupables de ne pas avoir fait preuve de suffisamment de vigilance.

La honte d’une victime

En septembre 2023, la CBC a publié le récit de Miriam Edelson, qui s’est fait voler 7 500 $ de ses économies durement gagnées en raison d’une escroquerie. Le titre de l’article, traduit librement ci-dessous, allait comme suit : « J’ai été la victime d’une fraude téléphonique. Je n’arrive pas à croire que je me suis fait piéger. » Elle commence d’ailleurs son récit en affirmant qu’elle n’a jamais raconté ce qui lui est arrivé auparavant parce qu’elle se sentait trop honteuse. Elle ajoute que seul son partenaire est au courant de la situation.

Un jour, Mme Edelson a reçu un appel d’un inconnu qui semblait en savoir beaucoup à son sujet. L’escroc lui a fait peur en lui disant que des criminels avaient volé son numéro d’assurance sociale (NAS) et que son identité avait été usurpée. Elle lui a posé plusieurs fois les mêmes questions sans qu’il lui réponde. Il l’a plutôt pressée de déposer 1 500 $ dans un distributeur automatique de bitcoins dans un dépanneur. Il a aussi insisté pour qu’elle ne dise à personne ce qui se passait.

Apeurée et déconcertée, elle a déposé l’argent. L’escroc l’a rappelée et lui a demandé de faire un autre dépôt de 6 000 $ en lui promettant qu’elle serait remboursée et qu’une nouvelle carte d’assurance sociale lui serait livrée à la maison le lendemain. Elle a fait le dépôt. Lorsqu’elle est revenue à la maison, visiblement ébranlée, elle a raconté à son partenaire ce qui s’était passé et il l’a aidée à comprendre qu’il s’agissait d’une escroquerie. Elle a alors ressenti de la honte et un profond sentiment de trahison.

Personne n’est à l’abri de la fraude

Miriam Edelson a compris que sa honte et son silence n’aidaient personne, et encore moins elle-même. Elle a donc décidé d’écrire à propos de son expérience parce que personne n’est à l’abri de la fraude et que la honte qu’on ressent ne fait qu’aider les fraudeurs à gagner.

Le Centre antifraude du Canada est du même avis et prie toutes les personnes ayant été victimes d’escroqueries, de fraudes ou d’autres cybercrimes de les signaler dès que possible. Cela est essentiel pour les raisons suivantes :

  • L’information que vous fournissez pourrait permettre d’établir un lien entre différents crimes commis au Canada et à l’étranger.
  • Elle pourrait aussi faire avancer ou permettre de conclure une enquête.
  • Les signalements permettent de dégager les tendances en matière de crime et d’accroître l’exactitude des prévisions.
  • Les signalements permettent aux organismes chargés de l’application de la loi, aux organisations des secteurs privé et public ainsi qu’au milieu universitaire de s’instruire au sujet des crimes et de faire de la prévention et de la sensibilisation.

Surmonter la honte

Si vous avez été victime de fraude, sachez que ce n’est pas votre faute. Vous n’êtes ni faible ni coupable. La faute revient à l’escroc. Il a commis le crime et a fait de vous sa victime.

Vous devez analyser vos sentiments et les gérer. Dochas Psychological Services, qui offre du counseling, propose différentes stratégies pour gérer le fardeau émotionnel associé à la fraude :

  • Faites preuve d’indulgence envers vous-même : les escrocs emploient des stratégies de plus en plus sophistiquées et trouvent toujours de nouvelles façons de plus en plus subtiles de tromper les gens et d’obtenir ce qu’ils souhaitent. Ils sont mauvais, pas vous.
  • Rappelez-vous que vous n’êtes pas la seule personne à vous être fait piéger : en date du 31 octobre 2024, plus de 28 000 victimes de fraude avaient été recensées! La fraude est très répandue et touche des personnes de tous les horizons.
  • Acceptez vos émotions : vous ressentez de la honte, de la culpabilité, de la colère, de la tristesse, de la solitude? C’est normal. Ressentez tous ces sentiments. Ils sont tout à fait naturels. La première étape vers la guérison et l’avenir consiste à reconnaître vos sentiments et à les ressentir.
  • Trouvez de l’aide : confiez-vous à des personnes de confiance parmi vos proches qui vous comprennent et peuvent vous fournir le soutien dont vous avez besoin.
  • Prenez grand soin de vous-même : consacrez du temps et de l’énergie à ce qui favorise votre mieux-être physique, émotionnel et social. Si votre combat émotionnel dépasse le cadre de ce que vous pouvez gérer vous-même, faites appel à des professionnels qui pourront vous aider.

Si une personne vous fait part de son expérience de fraude, montrez-lui votre soutien.

  • Ne la jugez pas : par exemple, ne lui demandez jamais « comment as-tu pu te laisser berner? » ou « comment as-tu pu agir de façon aussi idiote? ». Cette personne ressent sûrement beaucoup de honte et ces questions ne feront qu’exacerber ce sentiment. Écoutez-la et faites preuve d’empathie et de compréhension.
  • Parlez avec compassion : insistez sur le fait que ce n’était pas la faute de la victime. Nous sommes tous humains et ce n’est pas un signe de faiblesse que d’accorder sa confiance aux autres.
  • Encouragez-la à prendre les moyens d’aller mieux : aidez-la à découvrir comment signaler la fraude, suggérez-lui des ressources de soutien émotionnel et recommandez-lui des ressources sûres pour se renseigner au sujet de la fraude et de la façon de la reconnaître et de se protéger à l’avenir.

Si vous avez été victime de fraude, sachez que vous n’êtes pas en cause. La honte est une réaction initiale naturelle. Cependant, elle mène au silence, ce qui peut vous isoler et vous faire ressentir encore plus de honte. Ayez le courage de parler de votre expérience, car elle peut éviter à d’autres de se faire piéger à leur tour. Dans notre monde numérique, nous avons tous le devoir de renseigner les autres et de les sensibiliser aux menaces croissantes. Si nous travaillons tous de concert et informons les autres de nos expériences, nous pourrons gérer nos vies numériques avec un surcroît de sécurité et de productivité.

Mots-clés:
Fraude et escroquerie
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