Médias sociaux / 30 octobre 2018

Médias sociaux : quand la peur de rater quelque chose prend trop de place

Nimmi Kanji

Nimmi Kanji

directrice générale, programmes à vocation sociale : TELUS Averti et TELUS pour l’avenir

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J’ai récemment entendu parler de l’initiative « Offline October » menée par quatre étudiants de Denver, au Colorado. Le mouvement invite les jeunes de l’Amérique du Nord et d’ailleurs à décrocher des médias sociaux pendant un mois. L’objectif : souligner l’importance de la santé mentale, mettre en lumière les répercussions de la dépendance aux téléphones intelligents et inciter les adolescents à consacrer plus de temps aux activités sociales et aux rencontres en personne.

Ainsi, pour faire écho à Offline October et poursuivre la réflexion entamée à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, explorons dans cet article ce qu’est la peur de rater quelque chose, ou le syndrome FOMO, soit l’idée fausse qu’on se fait de la réalité en raison des médias sociaux.

Qu’est-ce que la peur de rater quelque chose?

À quand remonte la dernière fois où vous avez vu dans les médias sociaux un bambin rouge de colère? Une maison délabrée sur le point de s’écrouler? Des nouvelles d’une réunion familiale qui a tourné au vinaigre? Un selfie de quelqu’un qui ne s’est manifestement pas coiffé?

Si votre fil de nouvelles ressemble au mien, je parie que vous ne voyez pas souvent les autres y exposer leurs problèmes, ni même des pans tout à fait ordinaires de leur vie quotidienne. Au contraire, les médias sociaux regorgent habituellement d’images idylliques : couples en amour, adorables bébés aux cheveux d’ange ornés de fleurs, amis au physique du tonnerre en train de courir le marathon, soupers gastronomiques, vacances de rêve, etc.

Malheureusement, à force d’être exposé à la vie « parfaite » des autres, on en vient parfois à croire qu’on ne fait pas le poids à côté d’eux. Au sentiment d’insatisfaction qui en découle s’ajoute l’impression, souvent fondée sur un mensonge, qu’on est en train de rater tout ce que la vie pourrait offrir. La peur de rater quelque chose se résume à cela. Lisez notre fiche d’information pour en savoir plus sur la corrélation entre le temps d’écran et le bien-être personnel.

Quel effet ce portrait incomplet (et souvent faux) de la vie a-t-il sur nous?

Pour lutter contre le sentiment d’infériorité qui nous habite, on peut être porté à publier du contenu et des images montrant qu’on a la cote, simplement pour s’attirer des compliments et des « J’aime ». Cette attitude nourrit un cercle vicieux, car on en vient ensuite à se demander si notre vie est réellement à la hauteur de celle des autres.

Les adolescents et les préadolescents sont particulièrement vulnérables à la peur de rater quelque chose. À l’âge où ils cherchent à être acceptés des autres jeunes, ce besoin peut devenir une obsession. En effet, certains tombent dans le piège de la dépendance aux médias sociaux et finissent par les consulter à tout moment (même la nuit) pour tout savoir de leurs amis et vérifier si leurs propres publications ont du succès. Ils vont parfois même jusqu’à supprimer des photos et des vidéos si elles ne sont pas assez populaires.

Quelques conseils :

  1. Gardez en tête que ce que vous voyez dans les médias sociaux a été soigneusement sélectionné : ce qui se retrouve en ligne est souvent un résumé des faits saillants de la vie des autres. Il ne faut pas se fier aux apparences, même dans les médias sociaux. Le décès de Kate Spade et d’Anthony Bourdain nous rappelle que l’image projetée par autrui (marquée par le succès, la célébrité, la richesse, etc.) cache parfois une tout autre histoire.
  2. Apprenez à remercier la vie : au lieu de vous concentrer sur ce qui vous manque, pensez à tout ce qui vous rend heureux. Selon certaines études, le fait de s’estimer comblé par la vie est bon pour le moral et favorise le bien-être psychologique.
  3. Servez-vous des médias sociaux pour propager la gentillesse et des pensées positives : publiez des citations, des vidéos ou des récits inspirants et suivez ceux qui font de même. Mais surtout, n’hésitez pas à retirer certaines personnes de votre liste d’amis ni à cesser d’en suivre d’autres si vous vous rendez compte que leurs publications minent votre estime personnelle.
  4. Misez sur les relations authentiques hors ligne : pour savoir où en sont vos amis et vos proches, appelez-les au lieu de consulter leurs publications. Ou mieux encore : prenez le temps de les voir en personne. Parcourir son fil de nouvelles pour y voir du contenu soigneusement choisi ne vaut tout simplement pas une véritable conversation face à face.
  5. Limitez votre temps d’écran : un « sevrage numérique » peut être d’une redoutable efficacité. Nous recommandons d’ailleurs une bonne gestion du temps d’écran dans notre guide Aider nos enfants à naviguer notre monde numérique. S’il vous semble inconcevable de vous passer des médias sociaux pendant tout un mois, allez-y graduellement. Vous trouverez d’autres conseils dans ces ressources, conçues en collaboration avec HabiloMédias : Gérer les écrans dans votre maison (fiche-conseil pour les parents) et Composer avec le stress numérique (fiche-conseil pour les jeunes).

Au bout du compte, il reste que les médias sociaux sont des outils précieux pour garder des souvenirs, souligner les bons coups et même montrer la nouvelle coupe de cheveux qui nous rend si fiers. Mais prendre du recul de temps en temps pour s’ouvrir au monde réel ne fait pas de tort non plus.

Mots-clés:
Santé mentale
Temps passé à l’écran
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