Coincé dans une chambre d’écho? Voici comment en sortir.

Ces dernières années, la dissension est devenue l’un des problèmes de société les plus préoccupants. La polarisation politique à l’échelle mondiale et la pandémie ont causé la tempête parfaite. Le débat et le dialogue ouvert ont souvent été remplacés par la mentalité du « nous contre eux ». Et les médias sociaux n’ont rien arrangé.

Les plateformes de médias sociaux font de l’argent principalement grâce à la publicité; plus nous passons de temps sur ces plateformes, plus nous voyons de publicités et plus elles font des profits. C’est là que les algorithmes entrent en jeu. Les algorithmes permettent aux plateformes de proposer du contenu adapté aux préférences des utilisateurs. C’est pourquoi nos fils de médias sociaux contiennent autant de publicités et de nouvelles qui cadrent avec le contenu que nous connaissons déjà.

Et si rien n’est fait, cela peut créer une chambre d’écho médiatique.

De quoi s’agit-il?

Selon le site web éducatif GFC Global, une chambre d’écho est un « environnement où une personne n’est exposée qu’à de l’information ou des opinions qui reflètent et renforcent les siennes. Les chambres d’écho peuvent engendrer la mésinformation et déformer le point de vue d’une personne au point où il devient difficile pour elle de prendre en compte des points de vue opposés et de discuter de sujets complexes. »

Si l’on ajoute à cela le biais de confirmation (la tendance à accorder davantage d’importance à l’information qui renforce nos croyances) et les algorithmes visant à vous garder en ligne le plus longtemps possible, votre fil de publications finit par regorger de contenu qui cadre avec votre vision du monde. Le cas échéant, vous n’avez plus accès à d’autres points de vue, ce qui peut limiter la diversité de pensée et potentiellement accroître la polarisation.

Quels sont les dangers?

Les médias sociaux facilitent l’accès à l’information, mais regorgent également de fausses informations, ce qui peut accentuer les divisions et la polarisation.

Dans une entrevue accordée au Windsor Star en mars 2023, l’ancien vice-premier ministre du Canada John Manley s’est exprimé sur les chambres d’écho, la désinformation dans les médias sociaux et la division politique.

Selon lui, « nous n’avançons pas en tant que société lorsque nous jouons sur nos différences. En particulier lorsque nous discréditons ceux que nous considérons comme différents ou opposés à nous. »

Le magazine Wired pousse cette idée encore plus loin dans son article paru en janvier 2023, intitulé The Small But Mighty Danger of Echo Chamber Extremism (Le petit, mais redoutable danger des chambres d’écho extrémistes). Bien que le taux de personnes évoluant dans des chambres d’écho ou des bulles politico-médiatiques entièrement isolées ne soit que de quatre pour cent, la menace existe quand même.

Selon l’article, « si les gens n’entendent que des opinions avec lesquelles ils sont déjà d’accord ou ne lisent que des articles qui valident leur vision du monde, ils risquent de s’enraciner davantage dans leurs croyances, que celles-ci reflètent ou non la réalité. Ils risquent également de devenir plus faciles à manipuler et de se radicaliser. »

Magdalena Wojcieszak, professeure en communications à l’Université de Californie à Davis, parle dans l’article des conséquences de cet isolement informationnel : « Cela contribue à la radicalisation et à la polarisation des gens en renforçant leurs comportements, de même que leur sentiment d’appartenance au groupe, ainsi que leur hostilité à l’égard des autres groupes. Ils pensent que seules leurs convictions sont légitimes et bonnes, et que les autres sont mauvais. »

Éviter les chambres d’écho médiatiques

La première étape pour éviter d’être pris dans une chambre d’écho médiatique consiste à déterminer si c’est déjà le cas. Il y a deux signes à surveiller :

1. Vous n’êtes exposé qu’à un seul point de vue (parfois extrême) sur une question ou un événement.
2. Le contenu est fortement basé sur des opinions et n’est pas fondé sur des faits ou des preuves avérés.

Si vous n’entendez qu’une seule version de l’histoire, il existe des façons de contrebalancer le contenu et les points de vue auxquels vous êtes exposé :

• Aimez et partagez une plus grande variété de contenu afin d’embrouiller les algorithmes et de rétablir l’équilibre des points de vue qui apparaissent dans votre fil de publications.
• Examinez en toute franchise vos propres habitudes d’utilisation des médias sociaux et faites de la place pour des voix, des idées et des perspectives nouvelles. Suivez des comptes et des personnes ayant des opinions et des points de vue différents. N’hésitez pas à masquer temporairement quelqu’un si vous trouvez qu’il publie souvent le même type de contenu et d’informations.
• Gardez l’esprit critique face à ce que vous voyez. Consultez plusieurs sources dignes de confiance, comme les médias traditionnels et en ligne (d’opinions divergentes) pour avoir une vue d’ensemble objective des différents points de vue.
• Débattez de manière saine et respectueuse en vous basant sur les faits.
• Examinez le contenu le plus discuté sur les plateformes comme Twitter pour contrebalancer le contenu de votre fil d’actualité.

Les médias sociaux peuvent être un outil incroyablement puissant pour apprendre, échanger et bâtir une communauté. Mais il est essentiel de maintenir un équilibre. Face à la polarisation accrue de notre société, il appartient à chacun d’entre nous d’utiliser les médias sociaux de manière responsable et de contribuer à un environnement qui prône l’unité plutôt que la division.

Vous vous interrogez sur la validité d’une information vue en ligne? Faites des recherches pour démystifier toute information erronée. Ce questionnaire met à l’épreuve vos connaissances sur les fausses nouvelles et propose des suggestions pour les repérer et les déjouer.